AGRICULTURE, FÉMINISME ET JUSTICE : UNE MANIFESTATION SOUS HAUTE TENSION

FACE-À-FACE TENDU ENTRE LES SOUTIENS DE SANDRINE ROUSSEAU ET LES VITICULTEURS DEVANT LE PALAIS DE JUSTICE DE CARCASSONNE

Carcassonne a été le théâtre d’une confrontation inédite ce vendredi 28 mars 2025. Un peu moins de 200 personnes se sont rassemblées devant le palais de justice, divisées en deux camps opposés. D'un côté, une centaine de viticulteurs défendant Marius Lafite, jugé pour outrage à l’élue écologiste Sandrine Rousseau. De l'autre, une cinquantaine de militants féministes et syndicalistes venus exiger une condamnation exemplaire. La tension, palpable dès le début du rassemblement, a culminé lors de l’arrivée de Sandrine Rousseau, provoquant des échauffourées entre les manifestants.

Les viticulteurs ont dénoncé une instrumentalisation de l’affaire.

Les viticulteurs avaient reçu pour consigne de venir sans pancartes pour éviter toute provocation. Pourtant, la manifestation n'a pas tardé à dégénérer. Des sifflets, des huées, puis des jets d'œufs et des pétards ont perturbé l’intervention de la députée, venue s’exprimer à la sortie de l’audience. "Quand une femme élue est insultée, c’est toute la République qui est fragilisée", a-t-elle déclaré, sous les applaudissements de ses soutiens. Parmi eux, Leonor Bonnin, porte-parole de la Confédération paysanne, a exprimé son indignation : "Voir autant de personnes assumer ces propos misogynes est effrayant. Ce n’est pas une question de politique, mais de respect."

De leur côté, les viticulteurs ont dénoncé une instrumentalisation de l’affaire. Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons, a tenu à rappeler que "l'agriculture traverse une crise profonde. On voudrait nous faire passer pour des misogynes, alors que notre combat est avant tout économique." Une viticultrice présente a renchéri : "On ne peut pas réduire notre colère à une opposition hommes-femmes. Ce combat est mal orienté."

Le soutien à Sandrine Rousseau s'est toutefois manifesté au-delà des cercles militants. Deux maires ruraux ont tenu à marquer leur solidarité. "En tant que socialiste, je défends les droits des femmes et je regrette que les revendications agricoles aient été polluées par des propos sexistes", a déclaré Jean-Michel Jean, maire de Sallèles-Cabardès. Jean-Marc Wagner, élu écologiste, a lui déploré un climat d'intimidation : "Aujourd'hui, la bienveillance était absente. Trop de tensions, trop d'agressivité. L'agriculture ne doit pas être associée à cela."

Au-delà du cas de Marius Lafite, cette confrontation révèle un clivage profond entre deux mondes qui peinent à se comprendre. D’un côté, des agriculteurs exaspérés par des années de difficultés économiques, et de l’autre, des militants qui refusent que la légitime colère agricole serve de prétexte à des dérapages sexistes. Au-delà du verdict à venir, la question reste posée : comment réconcilier ces fractures sociétales sans que la justice ne devienne un théâtre de tensions irréconciliables ?


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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant
pour C11.MEDIA et La Voix des Citoyens
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2025

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