AUTOENTREPRENEURS : "AVEC CETTE RÉFORME, JE SUIS MORT FINANCIÈREMENT

TVA DES MICRO-ENTREPRISES : UNE RÉFORME QUI FAIT TREMBLER DES MILLIERS D’AUTOENTREPRENEURS

Le gouvernement a mis en pause son projet d'abaisser le seuil de franchise de TVA pour les autoentrepreneurs, mais cette suspension ne dissipe pas l’inquiétude qui s’est emparée du secteur. Pour beaucoup, cette réforme mettrait en danger leur activité, voire leur survie économique. Entre appréhensions et colères, les témoignages affluent.

Si le gouvernement a décidé de temporiser, les indépendants restent sur leurs gardes.

Valérie, coiffeuse à domicile à Narbonne, est catégorique : « Si cette réforme passe, je ferme boutique et je ne suis pas la seule ». Installée depuis 2019, elle a construit une relation de proximité avec sa clientèle, souvent constituée de retraités et de familles aux revenus modestes. « Mon activité est un équilibre fragile. J’adapte mes tarifs à la réalité économique de ma région. Si je dois intégrer une TVA de 20 %, je devrai augmenter mes prix et je perdrai mes clients », explique-t-elle, inquiète pour l’avenir.

Sophie, créatrice de sacs et accessoires à Lézignan, vit la situation comme une trahison. « J’ai rebondi après un licenciement en me construisant mon propre emploi », raconte-t-elle. Son activité est florissante, avec des ventes en France et à l’international, mais elle veille à ne pas dépasser le plafond de 85 000 euros de chiffre d'affaires. « Si la franchise de TVA est abaissée, je devrai rogner 20 % sur mes marges, ce qui est impossible », prévient-elle. Pour elle, augmenter les prix n’est pas une option : « Les clients ne suivraient pas, et ce serait la fin de mon activité ».

Nicolas, coach sportif à Carcassonne, s’alarme des conséquences d’une telle mesure. « Depuis plus de 10 ans, je maintiens un chiffre d’affaires stable autour de 30 000 euros. Si je dois intégrer la TVA, mes clients préféreront aller en salle de sport, où les prix seront plus attractifs », explique-t-il. Une perte de compétitivité qui menace directement son activité.

Enfin, Marie-Pascale thérapeute se dit résignée. « Si je dois appliquer la TVA, je perds ma clientèle. J’ai sondé mes patients, ils ne pourront pas suivre », confie-t-elle. Face à cette impasse, elle entrevoit des solutions radicales : « Soit je passe au black, soit j’arrête tout ». Un dilemme qui résume l’angoisse des autoentrepreneurs face à une réforme jugée brutale et déconnectée des réalités du terrain.

Au-delà des cas individuels, la contestation s’organise. Associations professionnelles et collectifs d’autoentrepreneurs alertent sur l’impact économique d’une telle mesure. Si le gouvernement a décidé de temporiser, les indépendants restent sur leurs gardes. La confiance est ébranlée et la crainte d’une remise à l’ordre du jour de cette réforme plane encore. La micro-entreprise, présentée comme un moteur de l’emploi et de la flexibilité professionnelle, risque-t-elle de devenir une voie sans issue ?


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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant
pour C11 .MEDIA et La Voix des Citoyens
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2025

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