CARBURANT VOLÉ, PRISON ASSURÉE : LE PARCOURS D’UNE CHUTE

VOL DE CARBURANT À CARCASSONNE : UN HOMME CONDAMNÉ, UNE SOCIÉTÉ EN QUESTION

Des jerricanes, un tuyau, et la nuit comme couverture. À Carcassonne, Flavio, 36 ans, n’en est pas à son coup d’essai. Cet homme, déjà condamné pour des faits similaires en décembre dernier, comparaissait à nouveau ce mardi 22 avril devant le tribunal correctionnel pour une série de vols de carburant sur des engins de chantier. Une affaire de gasoil en apparence banale, mais qui met en lumière une forme de précarité désespérée, des réseaux opaques de revente et une justice sous tension, confrontée à une récidive devenue presque ordinaire.

Flavio en flagrant délit, armé de quatre jerricanes pour financer sa consommation de drogue.

Du 13 au 18 avril, plusieurs engins de chantier, notamment sur le site situé face à la zone de Rocadest, ont été ciblés. L’alerte est donnée. La brigade anticriminalité met en place une surveillance. Le 18 au soir, elle interpelle Flavio en flagrant délit, armé de quatre jerricanes. Le suspect tente de fuir, oppose une vive résistance et accuse, à son tour, les forces de l’ordre de violences. Placé en détention provisoire le 20 avril, il reconnaît partiellement les faits : "Je volais pour financer ma consommation de cocaïne, un ou deux grammes par jour... Je revendais à un certain Nasser." Le décor est posé. Un prévenu sans emploi, hébergé chez son ex-compagne à Cazilhac, deux enfants, cinq mentions au casier, bénéficiaire du RSA et frappé d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Un portrait complexe qui alimente les débats.

Pour la procureure Géraldine Labialle, "rien ne s’arrête". Elle dénonce une forme de "délinquance organisée", demandant un an de prison ferme avec maintien en détention et dix ans d’interdiction du territoire. La défense, elle, invoque la maladie, la toxicomanie, la marginalisation : "Il est une petite main, pas un cerveau." Le tribunal tranche avec fermeté, mais sans excès : un an de prison, maintien en détention, trois ans d’interdiction du territoire, et 730 € d’indemnisation aux parties civiles. Cette affaire interroge. Jusqu’où peut-on tolérer la récidive ? Quelle réponse sociale face à la misère qui pousse au vol ? Et surtout, quel rôle jouent ces circuits de revente de carburant, encore largement dans l’ombre ? Flavio a été jugé, mais derrière lui, c’est tout un système que la justice peine encore à nommer et à démanteler.

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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant
pour C11.MEDIA et La Voix des Citoyens
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2025

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