CARCASSONNE : L’ARNAQUE DU RÉTROVISEUR FRAPPE ENCORE LES PLUS VULNÉRABLES

ARNAQUES AU RÉTROVISEUR : DEUX ESCROCS CONDAMNÉS POUR AVOIR CIBLÉ DES PERSONNES ÂGÉES

C’est une escroquerie vieille comme les années 1980, mais qui fait toujours des victimes : celle du rétroviseur prétendument cassé. À Carcassonne, deux hommes ont été condamnés ce lundi 19 mai pour avoir manipulé des retraités en leur faisant croire qu’ils avaient endommagé leur voiture. En quelques mois, entre novembre 2024 et mars 2025, ils ont sévi dans plusieurs communes de l’Aude et de la Haute-Garonne, extorquant plusieurs centaines d’euros à des personnes âgées, seules et vulnérables. Le tribunal n’a pas tremblé : Moïse, 52 ans, a écopé de trente mois ferme, et Tony, 46 ans, de douze mois dont six avec sursis, sous bracelet électronique.

C’est en se postant sur les parkings de grandes surfaces que Moïse et Tony repéraient leurs cibles.

L’arnaque repose toujours sur la même mécanique bien rodée : un choc imaginaire, un faux appel à l’assurance, une réparation hors circuit proposée à l’amiable. C’est en se postant sur les parkings de grandes surfaces que Moïse et Tony repéraient leurs cibles. Les victimes, âgées de 77 à 91 ans, ont versé entre 200 et 999 € en pensant éviter un malus. Le ministère public a dénoncé une stratégie de prédation ciblée, une forme de lâcheté, selon ses mots, consistant à « choisir les meilleures proies ». Le véhicule utilisé pour les manœuvres, une Seat appartenant à la mère de Moïse, a permis aux enquêteurs de remonter leur piste grâce à sa géolocalisation.

Face aux juges, les deux prévenus ont reconnu les faits, sans convaincre totalement. Moïse, au passé judiciaire lourd — 17 condamnations dont une peine de 18 ans en 2005 pour des violences ayant entraîné une infirmité permanente — a tenté d’expliquer son geste par la douleur personnelle : « Je n’étais pas bien, je me droguais, je regrette. » Son cousin Tony, au casier plus léger, a évoqué une situation financière désespérée : « J’ai voulu faire plaisir à mon fils. » La justice a néanmoins choisi de suivre les réquisitions du parquet, tenant compte à la fois de la récidive et de la vulnérabilité des victimes.

Au-delà du verdict, cette affaire révèle la persistance de techniques d’arnaque archaïques mais redoutablement efficaces, qui prolifèrent sur un terrain social fragilisé. Car c’est bien la solitude, l’isolement et parfois la peur qui rendent ces victimes si faciles à tromper. Si les peines prononcées ont valeur d’exemple, elles posent une question plus large : comment mieux protéger les personnes âgées de ces fraudes ordinaires ? Et plus encore, comment briser cette mécanique du besoin qui pousse certains à devenir des prédateurs de leur propre voisinage ? La vigilance, la prévention et l’accompagnement des plus fragiles apparaissent plus que jamais essentiels pour faire barrage à ces formes d’escroquerie insidieuses.
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Jean Michel JUMEAU, William ESCORA, Alicia BREITMAN, Christopher GREEN, Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant
pour C11 .MEDIA et La Voix des Citoyens
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