CARCASSONNE : UN CONSEIL MUNICIPAL SOUS HAUTE TENSION

JE VAIS FAIRE LA GUERRE À CEUX QUI FONT LA GUERRE AUX PROJETS DE LA VILLE : LE MAIRE DE CARCASSONNE MONTE AU FRONT

C’est une phrase choc, un avertissement politique, presque une déclaration de campagne. Au conseil municipal de Carcassonne du 10 avril, Gérard Larrat n’a pas mâché ses mots. Face à une opposition remontée contre deux projets emblématiques – un spectacle immersif dans l’église Saint-Vincent et le financement de la Cité des sports – le maire a haussé le ton. Entre invectives et plaidoyer pour "le progrès", il a choisi la confrontation, dénonçant une opposition "immobiliste" et une ville "muette" face aux critiques. Derrière cette passe d’armes, se joue bien plus qu’un simple désaccord technique : c’est une vision de Carcassonne, de sa modernité, de son identité culturelle et de son avenir économique qui s’affrontent.

Ce duel pourrait bien devenir l’un des fils rouges du mandat.

La tension a cristallisé autour du projet de spectacle immersif, mêlant mapping vidéo et musique orchestrale, dans l’église Saint-Vincent. Un projet culturel ambitieux, mais controversé. Tamara Rivel, élue socialiste d’opposition, a dénoncé un "montage précipité", s’appuyant sur des annexes jugées contradictoires, des données financières fragiles et des risques juridiques. Forte d’une pétition ayant recueilli plus de 10 000 signatures, elle a relayé les inquiétudes du clergé, des fidèles et des conservateurs du patrimoine, pointant une opération potentiellement nuisible à l’intégrité de l’édifice. En retour, Gérard Larrat a opposé une vision volontariste : "On dit n’importe quoi. Mais vous croyez qu’on va faire un projet comme ça sans garanties ?" s’est-il emporté, évoquant l’exemple de la cathédrale de Montréal ou des Invalides pour défendre l’innovation dans des lieux patrimoniaux. Loin de céder au doute, le maire s’est même comparé à Kennedy : "Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour la ville." Une manière de renverser l’argumentaire, en appelant au civisme plutôt qu’à la défiance.

L’autre point de friction, plus discret mais tout aussi stratégique, concerne la Cité des sports, fleuron des équipements municipaux. Là encore, Tamara Rivel a critiqué une gestion "déséquilibrée", soulignant que près de 400 000 € sont pris en charge par la Ville pour couvrir les frais de fonctionnement. Des chiffres jugés "préoccupants" par l’opposition, qui craint un dérapage financier aux dépens des contribuables. Pour Gérard Larrat, ces reproches relèvent d’une logique court-termiste : "Vous voulez qu’en un an et demi tout soit rétabli ?" a-t-il lancé, rappelant les investissements engagés et le temps nécessaire pour faire monter en puissance ce type d’infrastructure.

Ces échanges, vifs et personnels, ne sont pas anodins. Ils traduisent un clivage profond sur la manière d’envisager l’action publique à Carcassonne : entre audace et prudence, modernité et patrimoine, ambition et précaution. Si l’opposition entend jouer son rôle de contre-pouvoir, en alertant sur les dérives possibles, le maire, lui, revendique une autorité de bâtisseur, prêt à "faire la guerre" pour ses projets. Ce duel pourrait bien devenir l’un des fils rouges du mandat. Mais derrière les mots, une question demeure : quelle ville veut-on construire demain ? Et à quel prix ?

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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant
pour C11.MEDIA et La Voix des Citoyens
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2025

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