CARNAVAL DE LIMOUX : L'ARAGOU, L'IRRÉVÉRENCE EN HÉRITAGE

L'ARAGOU, SYMBOLE D'EXCÈS ET DE TRADITION

Depuis près d'un demi-siècle, la bande de l'Aragou traverse sans complexe le Pont-Neuf de Limoux pour rejoindre les arcades du cœur de ville. Fidèles à leur réputation, ces fécos se distinguent par une démesure assumée et une fantaisie qui bouscule les conventions. Plus qu'une simple formation carnavalesque, l'Aragou est une institution, un marqueur identitaire de la Petite Ville, où règnent folklore et esprit frondeur.

Armés de leurs carabènes, les fécos de l'Aragou poursuivent leur mission

Tout commence dans les années 1970, au restaurant Louis Trauque. Une jeune génération d'habitants décide alors de donner naissance à une bande carnavalesque portant le nom d'Aragou, en référence à l'ancienne frontière historique de la région. Le quartier, à l'époque, prospère et commerçant, offre un terreau fertile à cette initiative. Rapidement, les Bastouils, Trauque et Buxeda se font remarquer par leur ingéniosité thématique. Affublés à l'origine d'un Pierrot noir et blanc, ils ne tardent pas à se distinguer par une tonalité plus paillarde et provocatrice, devenant ainsi un véritable label Aragou.

Le carnaval de Limoux est un carnaval populaire dans son essence la plus pure. Contrairement à ceux de Nice ou de Venise, il repose sur l'expression spontanée d'une communauté et non sur une simple attraction touristique. L'Aragou s'inscrit pleinement dans cette logique : outranciers et spectaculaires, les membres de la bande défendent un esprit de fête ancré dans la tradition. L’exagération et la démesure sont leur marque de fabrique, attisant à la fois fascination et critiques. Mais ceux qui les dénoncent sont souvent les premiers à se presser sous les arcades pour les voir à l'œuvre.

Chaque sortie de l'Aragou est un événement. Imprévisibles, les fécos de la Petite Ville s'inspirent d'un réservoir thématique inépuisable, proposant des spectacles toujours plus audacieux. La pêche miraculeuse, la ferme de Macchore ou encore leurs mille facéties loufoques sont autant d'exemples de leur créativité sans limites. Pourtant, sous leurs allures exubérantes, ces carnavaliers respectent scrupuleusement les règles et codes du carnaval de Limoux. Une fois le Pierrot enfilé, l'éthique carnavalesque reprend ses droits, garantissant un équilibre subtil entre tradition et modernité.

Armés de leurs carabènes, les fécos de l'Aragou poursuivent leur mission : perpétuer un esprit festif et provocateur, tout en inscrivant leur action dans le respect du patrimoine blanquetier. Dimanche matin, comme chaque année, les badauds seront nombreux à suivre leurs déambulations, preuve que le souffle du carnaval de Limoux, entre tradition et excès, reste toujours aussi vivace.


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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant
pour C11 .MEDIA et La Voix des Citoyens
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

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Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2025

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