CINÉMA AU PALACE : QUAND LES FEMMES FONT LA RÉVOLUTION EN SILENCE

LÉZIGNAN-CORBIÈRES : LA FÊTE DU CINÉMA MET À L’HONNEUR LES HÉROÏNES D’AFRIQUE

À Lézignan-Corbières, la fête du cinéma n’est pas qu’une tradition conviviale. Elle devient, cette année, un véritable acte de reconnaissance culturelle. Le ciné-club du Palace prépare une soirée engagée, ce jeudi 19 juin, autour de deux films puissants. Au programme : projection, buffet thématique… et surtout, lumière sur deux portraits de femmes africaines, fortes et libres. En choisissant Black Tea et Mamba Pierrette, l’équipe de bénévoles envoie un message fort : le cinéma peut et doit ouvrir les yeux.

Derrière ce film, la question reste entière : jusqu’où peut-on se réinventer sans trahir ses racines ?

C’est un regard croisé sur deux réalités féminines que propose cette édition 2025. Avec Black Tea, le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako signe une œuvre subtile, entre choc culturel et quête de soi. Aya, une Ivoirienne qui refuse un mariage arrangé, s’installe en Chine. Là, entre théières et silences, naît une histoire d’amour complexe avec Cai, commerçant local. Derrière la romance, se tissent les fils de l’exil, du regard de l’autre, et des poids du passé. En filigrane, une question brûlante : jusqu’où peut-on se réinventer sans trahir ses racines ?

Mamba Pierrette, premier long-métrage de la réalisatrice camerounaise Rosine Mbakam, révèle un autre pan de la condition féminine en Afrique. Pierrette, couturière à Douala, se bat au quotidien entre commandes urgentes, solitude et intempéries. Avec grâce, le film dresse le portrait d’une héroïne invisible, débordée mais debout. Une femme comme tant d’autres, que le cinéma met enfin en lumière. Mbakam, connue pour ses documentaires engagés, signe là une fiction ancrée dans le réel, profondément humaine et poignante.

Ce choix de programmation n’est pas anodin. Il résonne avec une actualité où les voix féminines, notamment africaines, peinent encore à se faire entendre sur les écrans comme dans les débats. Le club du Palace, fidèle à son esprit citoyen, transforme la fête du cinéma en tribune silencieuse mais éloquente. Une soirée pour voir, pour écouter, pour comprendre. Pour s’émerveiller aussi. Car au-delà de la dénonciation, ces films célèbrent la force de vivre.

En cette période où les cinémas de proximité se battent pour garder leur public, ce genre d’initiative prouve qu’ils peuvent être bien plus que des salles obscures. Ils deviennent des espaces d’émancipation et de dialogue. Alors, jeudi 19 juin, à Lézignan, il ne s’agira pas simplement de fêter le cinéma. Il s’agira de regarder le monde autrement.
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Alicia BREITMAN,  Journaliste indépendante 
pour C11 .MEDIA et La Voix des Citoyens 
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2025

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