EVIDANSE : UN FESTIVAL QUI FAIT CORPS AVEC SON TERRITOIRE

DE LA RUE À LA SCÈNE, EVIDANSE  OU L’ART DE FAIRE BOUGER LES LIGNES

La danse ne connaît plus de frontières. Ni sociales, ni géographiques. C’est le pari, audacieux mais assumé, du festival Evidanse, qui revient dans l’Aude du 31 mai au 8 juin pour sa troisième édition. Un événement culturel atypique, à la fois pointu et populaire, qui fait de la ruralité une scène artistique à part entière. De Limoux à Cucugnan, en passant par les places de village et les salles polyvalentes, huit spectacles professionnels et une multitude d’animations vont rythmer ce début de mois de juin. Et poser une question essentielle : comment faire vivre l’art là où il est souvent absent ?

La compagnie Dakipaya Danza y présentera Fibre, un duo sur l’univers du textile.

Le festival, né de l’union entre la compagnie Portes Sud, le Théâtre dans les Vignes et l’ATP de l’Aude, affirme cette année encore sa volonté de casser les codes. En multipliant les formes, les lieux, les publics. "On explore davantage d’esthétiques", affirment les cofondateurs, qui misent autant sur la création contemporaine que sur l’engagement territorial. À Limoux, le parc de Cluny devient théâtre à ciel ouvert : la compagnie Dakipaya Danza y présentera Fibre, un duo sur l’univers du textile, entre dureté industrielle et solidarité féminine. Plus loin, c’est La Trenza qui déconstruit les clichés du tango avec poésie et audace. Et Souriante ou presque, de Bruno Pradet, qui questionne la précarité avec une force brute, incarnée par Loriane Wagner.

Mais Evidanse, ce n’est pas qu’un rendez-vous d’esthètes. C’est une fête qui s’adresse à tous. Aux enfants qui découvrent la danse comme un langage corporel avec les ateliers parents-pitchouns. Aux lycéens qui rencontrent les artistes, loin des bancs d’école. Aux curieux qui s’arrêtent un instant place de la République, surpris par une "méga-barre" en plein marché. À ceux qui osent enfin monter sur scène lors d’une scène ouverte. Cette accessibilité est le cœur battant du festival. L’ambition n’est pas de démocratiser la danse, mais de la réintégrer dans le quotidien. Non pas en l’édulcorant, mais en l’enracinant.

Là réside peut-être la plus grande réussite d’Evidanse : faire de l’art un lien, non un luxe. Dans une société où les fractures territoriales ne cessent de s’élargir, des initiatives comme celle-ci rappellent que la culture peut être un vecteur de cohésion. Mais à quelles conditions cette dynamique peut-elle se pérenniser ? L’engagement des artistes ne suffit pas. Il faudra, aussi, un appui politique clair, des financements durables, une reconnaissance à la hauteur des ambitions. Car si danser, c’est déjà résister, faire danser les autres, c’est reconstruire.

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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant
pour C11 .MEDIA et La Voix des Citoyens
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Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, KALIMBA - image extraite de La Dépêche du Midi,  Prod 2025

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