HURRY UP TOMORROW : QUAND THE WEEKND DÉRAPE DANS SON PROPRE RÉCIT

AU CINEMA CETTE SEMAINE :  🎬 HURRY UP TOMORROW

Drame, thriller (1H45) - U.S.A.
De Trey Edward Shults - Sortie le 16/05/2025
Avec The Weeknd, Jenna Ortega, Barry Keoghan, Paul Davis

Tous public

C’est l’histoire d’un effondrement. Celui d’une voix qui se brise sur scène, devant des milliers de fans médusés, un soir de septembre 2022 à Los Angeles. Abel Tesfaye, alias The Weeknd, interrompt son concert, vidé, muet. Cet incident, vécu comme une humiliation intime et publique, va devenir le cœur battant d’un projet bicéphale : un album et un film, tous deux intitulés *Hurry Up Tomorrow*. À travers cette autofiction démesurée, l’artiste livre une plongée vertigineuse dans les tréfonds de la célébrité, de l’échec et de l’ego. Mais à trop vouloir se raconter, The Weeknd finit par se perdre.

Tout commence comme une confession. La star internationale, après avoir conquis la planète pop, veut désormais regarder dans le rétroviseur. Le film raconte un chanteur au sommet, rongé par ses doutes, hanté par ses erreurs passées, miné par une carrière d’acteur avortée et des relations amoureuses ébréchées. À cela s’ajoute le poids d’une exposition médiatique constante, entre tabloïds voraces et réseaux sociaux impitoyables. En convoquant ses propres démons, Tesfaye prétend livrer une œuvre cathartique. Mais le dispositif, ostensiblement inspiré de Purple Rain ou de Misery, prend vite l’allure d’un exercice de style creux, où la mise en scène tape-à-l’œil supplante le fond. Travellings circulaires, ralentis appuyés, filtres saturés : tout semble conçu pour capter l’attention, au détriment de l’émotion. La deuxième partie du film, où l’artiste devient littéralement prisonnier d’une fan dérangée incarnée par Jenna Ortega, verse dans un pathos maladroit et racoleur. The Weeknd, acteur fébrile, peine à convaincre dans ce rôle de victime consentante, forcé d’écouter ses propres tubes pour mieux expier ses fautes.

Au fond, Hurry Up Tomorrow ne manque ni d’ambition ni de sincérité. Mais le résultat déroute, tant il hésite entre introspection sincère et narcissisme assumé. On perçoit bien l’intention : dire l’usure d’un homme broyé par son image, évoquer la peur de ne plus séduire, de ne plus créer, de ne plus exister autrement qu’en vitrine. Pourtant, à vouloir trop en faire, The Weeknd accouche d’un objet hybride, foutraque, souvent gênant, parfois touchant, mais rarement lucide. Il aurait peut-être gagné à se taire un peu plus, à écrire pour d’autres, à ne pas se mettre en scène à ce point. Car derrière le vernis du spectacle, c’est aussi le spectacle d’un malaise qui se joue : celui d’un artiste prisonnier de sa propre légende, qui, en tentant de la briser, ne fait que la renforcer. Faut-il y voir une critique du système ou une ultime mise en scène de son ego ? La question reste ouverte.


📍 Diffusion :

Mer, Jeu, Ven, Sam, Dim : 11h00
Lun, Mar : 21h00


À découvrir cette semaine dans vos cinémas CGR de Carcassonne et Narbonne.

🎟️ Programme et horaires sur  https://www.cgrcinemas.fr


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Alicia BREITMAN, Journaliste indépendante
pour C11 .MEDIA et La Voix des Citoyens
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2025

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