JACQUELINE RIU, L’AUDACE D’UNE FEMME QUI A HABILLÉ LES FRANÇAISES

DE TOULOUSE À LIMOUX, LA DESTINÉE D’UNE FEMME DE STYLE

Elle a donné son nom à une marque devenue familière dans les galeries marchandes et sur les cintres des garde-robes françaises. Jacqueline Riu, figure discrète mais déterminée du prêt-à-porter féminin, s’est éteinte le 28 octobre à l’âge de 91 ans. Née à Toulouse, enracinée à Limoux, elle incarnait cette génération d’entrepreneuses qui ont su mêler instinct, élégance et sens des affaires à une époque où peu de femmes osaient franchir la porte des conseils d’administration. Son parcours dit beaucoup d’une France qui s’habillait autrement, entre la libération des styles et la démocratisation de la mode.

Jacqueline Riu était une vision, celle d’une France active, féminine et libre.

Tout commence en 1934 à Toulouse, dans l’Hôtel de Pierre, rue de la Dalbade, où la petite Jacqueline Aublet grandit dans une famille de vignerons. Son destin semblait tracé loin des podiums. Une année d’études de pharmacie, une éducation stricte au Sacré-Cœur, puis le retour à Limoux, où elle épouse Michel Riu, fils des fondateurs de la marque de chaussures Myrys. De cette union naît une fratrie impressionnante : huit enfants, dont sept filles. C’est pourtant dans ce quotidien familial que naît l’idée d’une aventure commerciale audacieuse. Au début des années 1970, alors que la France découvre les grands centres commerciaux, Jacqueline Riu revient d’un voyage aux États-Unis avec une intuition : les femmes veulent s’habiller vite, bien et à prix juste. En 1971, elle ouvre sa première boutique à Belle Épine, en région parisienne. Le succès est fulgurant. Les boutiques se multiplient, son nom devient une enseigne.

Rachetée en 2013 par le groupe Deveaux, la marque change de nom pour devenir *Riu Paris*, mais l’empreinte de sa fondatrice demeure. Derrière le logo, il y a cette femme volontaire, charismatique, capable de conjuguer maternité, entreprise et modernité. « C’était une entrepreneuse, une battante », résume sa fille Béatrice, médecin au CHU de Toulouse. Dans le Sentier, on disait d’elle qu’elle était « connue comme le loup blanc ». Aujourd’hui, sa disparition résonne comme la fin d’une époque : celle des créatrices indépendantes qui, sans artifice, ont contribué à habiller la société française. Son attachement à Toulouse, « ville chère à son cœur », et à Limoux, où elle reposera dans le caveau familial, symbolise ce lien entre racines et réussite. Jacqueline Riu n’était pas qu’une marque : elle était une vision, celle d’une France active, féminine et libre.

Dans un monde où la mode se délocalise et s’uniformise, que reste-t-il de ces pionnières capables de bâtir un empire avec intuition et courage ? Leur héritage, sans doute : celui d’une économie du goût, d’un sens du style accessible et d’une idée simple mais puissante — qu’habiller les femmes, c’est aussi raconter leur époque.

Les obsèques de Jacqueline Riu seront célébrées le vendredi 31 octobre à Buc (Yvelines) avant une inhumation dans le caveau familial de Limoux.

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Jean Michel JUMEAU, Journaliste indépendant 
pour C11.MEDIA et La Voix des Citoyens 
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, image d’illustration, Buzee Prod 2025

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