L'AUDE FACE AU FLÉAU DES STUPÉFIANTS : UNE PRÉOCCUPATION GRANDISSANTE DES AUTORITÉS

DÉLINQUANCE DANS L'AUDE : LA COCAÏNE DE PLUS EN PLUS PRÉSENTE, UNE RÉPONSE RENFORCÉE DES AUTORITÉS

L’Aude n’échappe pas à l’explosion du trafic et de la consommation de stupéfiants en France. C’est le constat dressé hier par le préfet Christian Pouget, le directeur départemental de la police nationale Laurent Sindic et le commandant du groupement de gendarmerie de l’Aude, le colonel Francis David. Présentant le bilan 2024 de la délinquance, les responsables ont alerté sur la banalisation de la cocaïne, devenue accessible à toutes les classes sociales, y compris dans les zones rurales.

Le directeur départ. de la PN Laurent Sindic, le préfet Christian Pouget, et le colonel David, Cdt du groupement de gendarmerie.

Le constat local s’inscrit dans une dynamique nationale. En 2024, la France a enregistré une hausse spectaculaire de 130 % des saisies de cocaïne, atteignant 53,5 tonnes, tandis que celles de cannabis reculaient de 19 %. Dans l’Aude, les forces de l’ordre ont mis en cause 1 210 personnes pour usage de stupéfiants (+ 7,4 %), tandis que le nombre d’individus interpellés pour trafic a diminué de 10,9 %, passant à 212. Un recul à nuancer, selon les autorités : « On peut démanteler plus de réseaux tout en comptabilisant moins de mis en cause. L’unité de mesure, c’est la procédure », a expliqué Laurent Sindic.

Dans la zone police, le nombre de trafics démantelés a augmenté de 38 %, avec 47 affaires résolues. Les procédures liées à l’usage et à la revente ont, elles, progressé de 27 %. La gendarmerie enregistre également une hausse de 19 % des cas d’usage de stupéfiants, avec 600 amendes forfaitaires délictuelles distribuées. Plusieurs opérations d’envergure ont permis de mettre un coup d’arrêt à certains réseaux, notamment à Limoux ou à Canet-d’Aude, où un couple et leur fils ont été interpellés pour trafic de cannabis et de cocaïne.

Le phénomène inquiète les autorités, qui constatent une « démocratisation » de la cocaïne. « Il y a dix ans, le gramme était à 150 euros, aujourd’hui, il oscille entre 60 et 90 euros. Certains consommateurs achètent même pour 10 euros, ce qui montre une banalisation du produit », prévient le DDPN. Cette accessibilité accrue touche désormais des populations plus jeunes et moins aisées.

Face à cette situation, les forces de l’ordre appliquent une stratégie de « harcèlement des points de deal ». L’objectif : perturber l’approvisionnement et la distribution de drogues. En 2024, 1 658 opérations de déstabilisation ont été menées. Le volet répressif s’est aussi intensifié : 15 kg de cannabis, 2 kg de cocaïne et 1 kg d’herbe ont été saisis sur les circonscriptions de Carcassonne et Narbonne. Des avoirs criminels d’une valeur totale de 600 000 euros, dont 80 000 euros directement issus du trafic de stupéfiants, ont été confisqués.

Les autorités insistent également sur la nécessité de responsabiliser les consommateurs. La campagne nationale de lutte contre la drogue, lancée mardi par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, insiste sur cette responsabilité individuelle. Un clip choc rappelle que « chaque jour, des personnes paient le prix de la drogue que vous achetez ».

Si l’action policière s’intensifie, le marché de la drogue reste dynamique. « Beaucoup de stocks ont été constitués pendant la période Covid. Malgré les saisies, ils ne diminuent pas », explique le préfet Pouget. Autre stratégie observée : la diversification des méthodes d’approvisionnement. Les trafiquants exploitent de nouvelles failles, comme l’illustrent ces dealers interpellés à Canet-d’Aude, qui transportaient des stupéfiants avec leur nourrisson pour échapper aux contrôles douaniers.

Face à un trafic qui s’adapte en permanence, les forces de l’ordre multiplient les initiatives. Mais la lutte contre les stupéfiants ne se résume pas à une simple répression. La question de la prévention et du soin aux consommateurs se pose avec acuité. Le gouvernement en fera-t-il une priorité dans les mois à venir ?

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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant
pour C11 .MEDIA et La Voix des Citoyens
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2025

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