LE PARTI SOCIALISTE EST-IL RESPONSABLE DE LA MONTÉE DU RASSEMBLEMENT NATIONAL ?

Le paysage politique français a connu de profonds bouleversements ces dernières décennies, et l’ascension du Rassemblement National (RN) en est l’un des exemples les plus frappants. Ce phénomène, qui prend racine dans les années 1980 et culmine avec des scores records pour le parti d’extrême droite, pose aujourd’hui la question du rôle du Parti Socialiste (PS) dans cette progression. Peut-on réellement imputer au PS une part de responsabilité dans la montée en puissance du RN ?

Dans les années 1980, le PS, au pouvoir sous la présidence de François Mitterrand, amorce une politique d’ouverture à des thématiques populaires, en particulier la sécurité et l’immigration. Toutefois, certains observateurs estiment que cette approche n’a fait qu’ouvrir la voie aux discours populistes. En ne répondant pas suffisamment aux préoccupations d’une frange de la population touchée par le chômage de masse, les délocalisations et la désindustrialisation, le PS aurait involontairement laissé un vide. Ce vide, le Front National (devenu Rassemblement National) l’a rapidement comblé en se présentant comme l’alternative aux élites politiques de gauche comme de droite, trouvant un écho auprès d’un électorat en quête de protection et d’identité.

La « gauchisation » du Parti Socialiste, notamment sous les présidences de François Hollande puis de certains cadres du parti, a contribué à éloigner une partie de son électorat populaire. En adoptant une ligne jugée parfois déconnectée des réalités quotidiennes de certains Français, le PS s’est vu reprocher un manque d’écoute. À mesure que le parti s’ancrait dans des valeurs progressistes et européennes, il perdait de son influence auprès des classes moyennes et ouvrières, qui se sont tournées vers le RN, perçu comme le seul parti soucieux de leurs intérêts. En l’absence de réponses claires et concrètes à leurs préoccupations, notamment en matière de sécurité et d’emploi, de nombreux électeurs se sont ainsi laissés séduire par les propositions plus tranchées de l’extrême droite.

La crise migratoire, combinée à des préoccupations identitaires, a également amplifié ce transfert d’électorat. Alors que le PS s’efforçait de promouvoir une politique d’intégration, il a souvent été accusé de minimiser les inquiétudes liées aux flux migratoires et aux changements culturels. Le RN, en revanche, a su exploiter ces thèmes en se présentant comme le seul rempart contre une supposée perte d’identité nationale. Ainsi, l’incapacité du PS à répondre aux attentes de son ancien électorat populaire a contribué à nourrir un ressentiment que le RN a habilement transformé en soutien électoral.

Ainsi, si la montée du RN résulte de multiples facteurs, le Parti Socialiste porte une part de responsabilité dans l’évolution du climat politique actuel. Par sa difficulté à répondre aux préoccupations des Français sur des sujets sensibles et son éloignement d’un électorat populaire longtemps acquis à sa cause, le PS a contribué à ouvrir la voie à une alternative que le RN incarne aujourd’hui. Pour le Parti Socialiste, le défi demeure : renouer avec les classes populaires sans perdre de vue ses valeurs fondamentales, pour espérer retrouver une place centrale dans la vie politique française.

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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant
pour C11. MEDIA et La Voix des Citoyens
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

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Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2024

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