LIMOUX : UNE RÉNOVATION À 500 000 EUROS QUI FÂCHE LES COMMERÇANTS

LIMOUX : UNE PLACE RÉNOVÉE, UNE CONFIANCE ÉBRANLÉE

Une demi-douzaine de bancs, un sol à refaire, un kiosque à démonter. Et une facture de 500 000 euros. À Limoux, le projet de rénovation de la place de la République, annoncé comme une priorité municipale dès le début du mandat, s’apprête à voir le jour. Mais à l’approche du chantier, les interrogations s’accumulent, les inquiétudes grandissent, et les voix des riverains se font entendre. Derrière les promesses d’attractivité et de modernité, nombreux sont ceux qui dénoncent un manque criant de concertation. Et une question revient, lancinante : pour qui, et pour quoi, transforme-t-on le cœur historique de la ville ?

À Limoux, le projet de rénovation de la place de la République s’apprête à voir le jour.

Ce lundi 2 juin, une réunion publique était organisée en mairie. Une dizaine de commerçants y ont assisté, curieux mais dubitatifs. Pour beaucoup, l’annonce est arrivée tard. Trop tard. "On a reçu le courrier la veille du pont de l’Ascension", soupire Kristel Garcia, du bar-tabac L’Entre-Deux. Une méthode qui interroge, et un sentiment partagé : celui d’avoir été mis devant le fait accompli. Certains se disent favorables à l’embellissement du centre, mais réclament une implication réelle dans les décisions. "Le projet est bon s’il se fait avec nous, pas contre nous", plaide Bruno DiMeglio, du café Le Commerce. D'autres, comme Bernard Leuenberger ou Magali Pasteleur, évoquent des échanges anciens, parfois lointains, rarement suivis d’effets. Une consultation menée "il y a deux ou trois ans" ne suffit plus, estiment-ils. Car aujourd’hui, les attentes ont changé, et les inquiétudes se sont ancrées.

Lors de la réunion, le maire Pierre Durand a détaillé les contours du chantier : fermeture de la place en journée, mobilier renouvelé, fontaine remise en service, et suppression du kiosque. Démarrage annoncé : après la saison estivale, pour huit semaines. Sur le papier, tout est cadré. Mais sur le terrain, le doute persiste. Les professionnels redoutent les nuisances, la perte de clientèle, le déplacement des terrasses, et l’installation d’un mobilier sans concertation. "Un banc sur ma terrasse, non merci", lance un cafetier. "Et sous les arcades, ce n’est pas l’endroit", ajoute un autre. La mairie se veut rassurante : "Les architectes reviendront vers vous." Reste à savoir si les propositions seront entendues… ou simplement notées.

Au-delà de la forme, c’est le fond qui crispe. Pourquoi un tel budget pour un aménagement somme toute classique ? Où vont exactement ces 500 000 euros, alors que la fontaine et les dalles étaient encore en service il y a peu ? La rénovation est-elle un simple habillage, ou masque-t-elle d'autres projets, d'autres ambitions ? En filigrane, certains évoquent des enjeux électoraux, d’autres un futur usage privatisé de la place. Rien n’est avéré, mais le soupçon plane, nourri par le silence des plans détaillés et l’absence de réponses précises. Ce manque de transparence alimente un climat de défiance.

Rendre la ville plus belle, personne ne s’y oppose. Mais rénover sans dialogue, c’est risquer de défigurer un lieu sans convaincre ceux qui le font vivre. Car une place publique, ce n’est pas qu’un espace urbain : c’est une respiration collective, un symbole d’identité, un carrefour de vie. À Limoux, la municipalité tient un crayon. Reste à espérer qu’elle dessinera avec les habitants, et non en leur tournant le dos.

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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant 
pour C11 .MEDIA et La Voix des Citoyens 
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, Ville de Limoux, Buzee Prod 2025

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