MARCHE POUR KYARA : ENTRE RECUEILLEMENT ET COLÈRE

KYARA, UN AN APRÈS : UNE MARCHE BLANCHE POUR NE PAS OUBLIER, ET POUR FAIRE BOUGER LA LOI

Le silence qui a traversé les rues de Villeneuve-la-Comptal hier après-midi avait plus de poids que n’importe quelle colère. Un an après le drame, entre 300 et 400 personnes ont marché en mémoire de Kyara Marteau-Lavail, fauchée à seulement 18 ans par un chauffard alcoolisé et sous stupéfiants. Mais cette marche blanche n’était pas seulement un hommage. C’était un cri retenu, une indignation partagée, un appel à la justice. Car si la douleur des proches reste vive, c’est la clémence de la justice qui, pour beaucoup, reste incompréhensible.

Une pétition lancée à ce sujet a déjà réuni 12 000 signatures.

Le 7 avril 2024, Kyara perdait la vie sur la D103, entre Castelnaudary et Saint-Papoul. Un an plus tard, ses proches lui rendent hommage en musique, le cœur serré, les yeux humides. « En mémoire de Kyara, dans nos cœurs pour toujours », pouvait-on lire sur la banderole portée en tête de cortège. Du stade de rugby jusqu’au cimetière de Villeneuve-la-Comptal, les participants, vêtus de blanc, ont marché dans un silence profond. À l’arrivée, les prises de parole ont dressé un portrait lumineux de cette jeune femme au sourire rassembleur, toujours prête à tendre la main. Mais au-delà des mots, un combat juridique prend forme : transformer le vide juridique en levier de reconnaissance.

Car derrière l’émotion, la colère gronde. En novembre dernier, le chauffard responsable du décès de Kyara a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, sans passer par la cour d’assises. Une peine que la famille considère comme une insulte à la mémoire de leur fille. D’où leur engagement dans l’association Antoine Alléno, qui milite pour la création d’une infraction d’« homicide routier », afin de juger de tels faits devant une cour criminelle. Une pétition lancée à ce sujet a déjà réuni 12 000 signatures. Pour les parents de Kyara, cette évolution législative n’est pas une vengeance : c’est une nécessité pour que d’autres familles n’aient pas à vivre une telle injustice. Les élus locaux présents à la marche ont affiché leur soutien, appelant à une mobilisation nationale pour faire évoluer le droit.

Ce drame soulève une question essentielle : nos lois sont-elles encore à la hauteur des drames qu’elles doivent juger ? Quand une vie s’éteint à 18 ans, quand la responsabilité est claire, peut-on se contenter d’un sursis et d’un bracelet électronique ? La marche blanche d’hier n’a rien résolu, mais elle a montré une détermination. Celle de familles qui refusent que l’oubli suive l’injustice. Celle de citoyens qui croient qu’une législation plus ferme peut sauver des vies. Et celle d’un territoire soudé autour d’une mémoire, celle de Kyara, pour que plus jamais la route ne prenne le pas sur la justice.

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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant
pour C11.MEDIA et La Voix des Citoyens
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2025

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