NAVA 2025 : LE FESTIVAL QUI FAIT PARLER LES SILENCES DE L’HISTOIRE

LIMOUX FAIT RÉSONNER L’HISTOIRE : LE FESTIVAL NAVA MET LA GUERRE EN SCÈNE


Et si l’on racontait la guerre autrement ? Si l’on abordait la mémoire non plus dans le silence des cérémonies, mais dans l’intimité d’une scène, à travers les mots des survivants, des auteurs et des artistes ? C’est le pari audacieux du festival Limouxin Nava (Nouveaux auteurs dans la vallée de l’Aude), qui revient du 25 juillet au 2 août 2025 pour sa 26e édition. Un rendez-vous théâtral, littéraire et cinématographique, qui choisit cette année de mêler guerre, amour et création contemporaine. En toile de fond : le 80e anniversaire de la Libération. En première ligne : des figures oubliées, des drames intimes, des récits poignants qui dialoguent avec notre époque.

Avec Nava, Limoux ne célèbre pas seulement les mots, elle redonne voix à des silences.

Dès son ouverture, le festival plante le décor avec une rencontre bouleversante : celle de Danielle Rapoport, survivante de la Shoah, qui témoignera pour la première fois de son enfance cachée à Limoux et de sa fuite à l’été 1944, alors que la Gestapo la recherchait. Ce récit, proposé sous la forme d’un entretien le 25 juillet au cinéma l’Elysée, donne le ton d’une édition ancrée dans la mémoire mais tournée vers le vivant. Jean-Marie Besset, fondateur du festival, prolonge cette volonté de transmission avec Hélène, sa nouvelle pièce écrite en alexandrins, consacrée à la figure controversée d’Hélène de Portes, compagne de Paul Reynaud, influente jusque dans les heures sombres de l’Armistice. L’auteur y interroge la place des femmes dans les coulisses de l’Histoire, et la complexité des choix en temps de crise.

Le fil rouge de cette édition ne se limite pas à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Il explore aussi les passions humaines, la violence sourde, les blessures intimes. Le 30 juillet, L’Amour et la violence met en scène une gardienne d’immeuble qui observe, sans juger, les élans amoureux de ses locataires. Le 31, Le Jugement de Paris raconte le pari d’un vigneron californien qui défie les crus français dans un concours à l’aveugle, métaphore du combat entre tradition et audace. Et pour clôturer le festival, le 2 août, *L’Amante anglaise* de Marguerite Duras livrera une plongée dans la psyché d’une femme meurtrière, inspirée d’un fait divers glaçant. Cette présence de Duras, à la fois au théâtre et au cinéma (avec La Douleur ou Vous ne désirez que moi), vient souligner la porosité entre mémoire collective et douleur individuelle, entre engagement politique et pulsions intimes.

Avec Nava, Limoux ne célèbre pas seulement les mots, elle redonne voix à des silences. Elle questionne nos héritages, nos oublis, nos aveuglements. Le théâtre y devient lieu d’écoute, d’empathie, mais aussi d’examen critique. Et si, en racontant la guerre, on parlait mieux de notre époque ? Si, en scrutant les passions humaines, on comprenait enfin nos fragilités ? Cette 26e édition, ambitieuse et engagée, confirme que l’art, lorsqu’il ose, peut devenir un levier de mémoire et de conscience.