PEUT-ON CÉLÉBRER UN MASSACRE AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE ?

LE 14 JUILLET : UNE FÊTE RÉPUBLICAINE AU PASSÉ SANGLANT QUI DIVISE

Chaque année, le 14 juillet illumine le ciel de la République. Défilés militaires, bals populaires, feux d’artifice et Marseillaise chantée à pleins poumons : tout semble célébrer l’unité nationale. Mais derrière les drapeaux tricolores et les airs de fête, une question dérangeante refait surface : que commémore-t-on vraiment ? Et peut-on encore se réjouir d’un événement qui, pour beaucoup, marque le début d’un génocide social, celui de la noblesse et de l’Ancien Régime ? Car le 14 juillet, c’est aussi la mémoire d’un bain de sang, inauguré par la prise de la Bastille et poursuivi, quelques années plus tard, par la Terreur révolutionnaire. Deux siècles plus tard, la République fête-t-elle une libération ou un massacre ?

De 1793 à 1794, Robespierre et les siens organisent la Terreur.

Il faut rappeler ce que fut ce 14 juillet 1789 : un soulèvement parisien contre une forteresse symbolique du pouvoir royal, mais aussi une prison presque vide. Moins de dix détenus, et surtout un acte hautement symbolique, devenu mythe fondateur de la Révolution française. Dans les mois qui suivent, la France bascule dans une spirale de violence : nobles décapités, familles massacrées, Église persécutée, villages incendiés. De 1793 à 1794, Robespierre et les siens organisent la Terreur : plus de 16 000 exécutions officielles, parfois pour un simple soupçon de loyauté monarchiste. La noblesse, en tant que classe, est visée, traquée, exécutée. Un « nettoyage social » au nom de l’égalité. Peut-on parler de génocide ? Le terme est fort, mais l’intention politique de faire disparaître un ordre social tout entier interroge. En 2025, cette page sombre de notre histoire reste peu évoquée lors des célébrations officielles. Le récit national préfère parler d’émancipation, de peuple en marche, d’égalité conquise par les armes. Mais à quel prix ?

La commémoration du 14 juillet soulève ainsi un dilemme moral. D’un côté, il est essentiel de célébrer la fin de l’absolutisme, la naissance de la République et l’affirmation des droits de l’homme. De l’autre, il serait irresponsable d’ignorer les victimes collatérales de cette conquête : des familles décimées, un clergé humilié, une France divisée dans la douleur. Aujourd’hui, en pleine crise de confiance démocratique, alors que les fractures sociales se creusent, faut-il continuer à glorifier un moment aussi violent de notre histoire ? Peut-on aimer la République sans épouser tous ses actes fondateurs ? Et si notre fête nationale devenait l’occasion d’un vrai débat, d’une mémoire plurielle et partagée ? Assumer notre héritage sans le travestir, voilà peut-être la clé pour réconcilier passé et présent. Car une démocratie mature ne craint pas l’histoire. Elle la regarde en face.

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Ludovic BEUZERON, Journaliste indépendant 
pour C11 .MEDIA et La Voix des Citoyens 
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR, Buzee Prod 2025

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