SACRÉ ET SPECTACLE : LE PROJET « AURA » EN NÉGOCIATION À CARCASSONNE

À CARCASSONNE, L’ÉGLISE SAINT-VINCENT À LA CROISÉE DES CHEMINS ENTRE FOI ET LUMIÈRES

Peut-on transformer une église en théâtre sans en trahir l’âme ? À Carcassonne, la question divise et oblige la mairie et le diocèse à affiner leurs positions. Le projet Aura, spectacle immersif de sons et lumières imaginé pour l’église Saint-Vincent, soulève depuis mars un mélange d’enthousiasme et d’inquiétudes. D’un côté, une ambition culturelle portée par la Ville et les sociétés Cultival et Moment Factory. De l’autre, des réserves exprimées par les autorités religieuses, qui rappellent le caractère sacré du lieu. Le dernier rebondissement est venu de l’épiscopat de France lui-même, par la voix de Mgr Bruno Valentin, évêque de Carcassonne et Narbonne. Reçu récemment en mairie, il a apporté un courrier officiel rejetant la convention actuelle. Non pas pour mettre fin au projet, mais pour exiger des ajustements essentiels.

L’église Saint-Vincent, bâtiment religieux, appartient toujours à la sphère cultuelle.

Car Aura n’est pas annulé. Pas encore. Mais son avenir dépend désormais de subtils équilibres juridiques et symboliques. L’évêque, loin de fermer la porte, insiste : « Nous avons relevé des points de friction avec la loi de 1905. Une église ne peut être affectée qu’au culte, exclusivement. » Derrière cette phrase, une réalité incontournable : l’église Saint-Vincent, bâtiment religieux, appartient toujours à la sphère cultuelle. Et tout usage non liturgique doit donc s’inscrire dans un strict respect du droit, mais aussi de l’esprit du lieu. La mairie, consciente des limites, s’est dite prête à retravailler la convention. Les prestataires aussi. L’idée n’est pas de renoncer, mais d’ajuster. Peut-être de repousser. La première date, initialement prévue en décembre 2025, pourrait glisser à l’hiver suivant.

Ce bras de fer courtois entre la Ville et le diocèse éclaire une tension plus large. Comment revitaliser les centres-villes en déclin sans désacraliser les lieux patrimoniaux ? Comment concilier valorisation culturelle et respect des convictions ? Car au-delà des aspects techniques, ce sont aussi des voix locales qui se sont élevées : défenseurs des œuvres de Jacques Gamelin, riverains attachés à la paix des messes, ou croyants inquiets d’un glissement vers une marchandisation du sacré. La municipalité, elle, parie sur le rayonnement touristique et la création d’émotions partagées. Mais jusqu’où peut-on aller sans franchir la ligne rouge ? À Saint-Vincent, le débat ne fait que commencer. Il met en lumière une interrogation fondamentale : dans une époque en quête de sens, à quoi doivent servir nos églises ?

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William ESCORA,  Journaliste indépendant 
pour C11 .MEDIA et La Voix des Citoyens 
Membre actif de la #fnjmi 🇫🇷

Rédaction : Press’K - Tous droits réservés
Crédit photographique : DR,
Image : sortiraparis.com / Projet Aura, Buzee Prod 2025

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